Les personnages qu’il affectionne sont ceux que dévore une obsession obscure.
Bien qu’il excelle également dans le registre du pur comique (Robert et Robert, 1978, de Claude Lelouch), il préfère l’ambiguïté. Et c’est donc François Truffaut qui, neuf ans après La mariée était en noir, lui offre en 1977 un rôle à la mesure de son talent. Devenu Bertrand Morane, L’homme qui aimait les femmes, Charles Denner assure au film d’abord pressenti comme une comédie dramatique une dimension plus profonde. Écrivain rongé par la passion des femmes, Morane-Denner n’est pas un dragueur, mais un homme tout simplement, au silencieux mal-être, poétique et tendre. Dans son univers où les jambes des femmes sont « des compas qui arpentent le globe et lui donnent son équilibre et sa forme », il touche au point de l’égarement à la fois douloureux et souriant. C’est lui, selon Truffaut, « le comédien poétique par excellence », qui imprime au scénario le ton d’un film devenu depuis inoubliable.
Cliché « L’Homme qui aimait les femmes »