Il faudra encore des mois pour libérer le pays. Charles se retrouve à l’hôpital de Grenoble car son dos blessé pendant l’embuscade le fait toujours souffrir. Il y reste deux mois immobilisé sur une planche. Il sera démobilisé et réformé de l’armée pour blessure de guerre.
« Après l’hôpital, j’ai retrouvé les parents, et Jacques et Elise dans une maison à Grenoble. Fred nous a donc rejoints en avril 1945. Puis les parents ont très vite déménagé de Grenoble à Saint-Maur où ils ont retrouvé le pavillon vide parce qu’il avait été dévalisé par des voleurs pendant l’occupation. La guerre venait de finir pour nous et pour beaucoup de gens.
Nous entrions alors dans la vie comme si elle n’avait encore jamais commencé avant. Nous ne revivions pas, nous vivions totalement, avec le pays qui renaissait à ce moment-là. On était vraiment intégré pleinement, totalement, au mouvement de renaissance vécu par le pays en 1945.
La libération c’était surtout la décision de devenir nous-mêmes, de faire ce que chacun de nous avait envie de faire sans trop le savoir encore exactement. En tous cas, pour moi, c’était depuis longtemps déjà l’idée du théâtre et l’activité de comédien. J’avais emporté le misanthrope de Molière avec moi au maquis pour travailler le rôle d’Alceste, et me préparer à cet après, si je m’en sortais. »
Cliché privé : Charles et Alfred Denner, 1944