Charles Denner intègre la troupe du TNP (Théâtre National Populaire) en 1949 où il se distingue, parmi d’autres pièces, dans Le Cid, Lorenzaccio et Tambour dans la nuit.
Le Cid
A 23 ans, Jean Vilar lui donne le rôle de Don Arias, le quadragénaire raisonneur du Cid de Corneille.
Un jour il m’annonça : «J’ai trouvé don Arias.» Tout le monde attendait qu’il ramenât un acteur quadragénaire au moins. C’est moi qu’il avait choisi. J’avais 23 ans.»
Aux côtés de Gérard Philipe, Germaine Montero, Monique Chaumette, Maria Casarès, Silvia Montfort, Jean Le Poulain, Philippe Noiret, Philippe Avron, et bien d’autres, il jouera dans presque toutes les pièces du répertoire du TNP de Jean Vilar puis de Georges Wilson de 1949 à 1964. Il fera quelques infidélités au TNP pour interpréter en particulier le jeune soldat dans La machine infernale écrite et mise en scène par Jean Cocteau (1954) et aussi pour jouer le Capitaine Lebladkine dans l’adaptation des Possédés (1959) mise en scène par Albert Camus.
«Depuis les débuts du T.N.P., j’étais de la distribution du «Cid» et du «Prince de Hombourg», les deux premiers spectacles de Jean Vilar. Je viens de jouer «Thomas Moore». Ainsi j’ai refermé la boucle.»
Mère Courage
«Brecht, je lui dois de grandes joies et le sentiment de servir à quelque chose. Dans «Mère Courage» j’interprétais quatre rôles en même temps : le sergent recruteur, l’espion borgne, le jeune soldat ivre et le lieutenant qui fusille la petite fille sur le toit.»
Arturo Ui
«Certes, et c’est une création que je ne risque pas d’oublier. Je ne suis jamais entré en scène sans avoir l’impression d’être l’homme qui touchait un quart des bénéfices réalisés sur les déportés d’Auschwitz.»
Les Rustres
A propos du personnage de Canciano :
« …/… Oui, mais en passant du théâtre à la télévision il perd de son importance. Car à la télévision la longueur du texte est primordiale pour un rôle étant donné que c’est celui qui parle qui apparaît à l’écran. Canciano parle peu , il est surtout présent et la technique de la télé escamote sa présence. Mais il reste le rustre positif, et le mot de la fin lui appartient : «Il n’y a pas à dire, c’est tout de même quelqu’un, ma femme», s’écrie-t-il.»
Ci-dessous : Cliché Agnès Varda – Au TNP de Suresnes, 1951