Dans cette Pologne des persécutions et des pogroms à l’encontre des juifs, leur père qui est tailleur, prépare l’exil de sa famille vers la France.
Après deux échecs de la traversée de l’Europe, en 1926 et 1928, en se faisant passer pour un ferronnier dont il n’a pas les mains calleuses, c’est avec des papiers de curiste pour Vichy, où il ne se rendra jamais, qu’il réussit à rejoindre Paris en avril 1930. Cette même année, un peu après son installation, sa famille le rejoint. Charles qui a quatre ans ne parle que le yiddish comme eux tous. Après avoir été hébergée chez une tante, arrivée un peu avant, sa famille trouve un pauvre logement au 20 de la rue Basfroi dans le 11eme arrondissement de Paris. Aidé par sa femme et les ainés, son père réussit à reprendre son activité de tailleur dans le quartier. Le logement au quatrième et dernier étage du 20 de la rue Basfroi à Paris est composé d’une première pièce de quatre mètres sur six qui sert de logement et d’atelier de tailleur «au père». Une autre de deux mètres sur deux sans eau courante tient lieu de cuisine. Les w.-c. sont dans la cour et le point d’eau et de vidange de l’eau sale au deuxième étage. Les habitants comptent plus de juifs que de non juifs, dont beaucoup sont des veuves de 1914 – 1918. Ces femmes sont souvent haineuses avec les enfants « yuppes » de l’immeuble, à deux exceptions près : La fille de la voisine de palier qui a vingt ans. Elle corrige les devoirs d’Alfred pour qu’il obtienne les meilleures notes à l’école. Joseph lui fera un manteau pour la remercier. Il y a aussi Madame Audran, une veuve âgée qui vit là depuis la mort de son mari, tué aussi durant la première guerre mondiale, que Jenta, appelle pour prendre le café à quatre heures.Dans ce logement il n’y a qu’une table, qui sert surtout de table à repasser. Quand les quatre enfants reviennent de l’école à midi pour déjeuner, si le père doit repasser, ils s’assoient sur le rebord des deux grandes valises sorties de dessous le lit. Et les assiettes sont posées sur les chaises pour qu’ils puissent manger. Charles est inscrit avec son frère Alfred, à l’école communale de la rue Trousseau. Avec son fort accent yiddish et son naturel de justicier bagarreur, au grand désespoir de sa mère et de la colère de son père, il en revient souvent avec un œil au beurre noir et des habits déchirés.
Cliché carte postale Gondry : « 1, rue Basfroi à Paris »