« Quand j’ai eu 19 ans après la guerre, je ne me suis rien demandé. Je n’ai pas hésité le quart d’une seconde, j’ai voulu être acteur. »
« J’ai été tailleur, cisailleur, presseur, maroquinier, fripier aux puces, représentant en brosses à reluire. Quand j’ai commencé, j’avais dix neuf ans. Ça n’a pas été rose tous les jours mais j’ai continué. Beaucoup ont décroché. Il fallait tenir, j’ai tenu. C’est insensé de faire un tel métier, mais je ne sais pas ce que j’aurai pu faire d’autre. Est-ce une vocation ? J’ai vraiment crevé de faim au cours de mon apprentissage. Je préférais malgré tout soulever des caisses, faire des rondes de nuit ou tailler du cuir que de faire des «panouilles» ! L’art est trop beau pour qu’on le galvaude. C’est pour cela que j’ai toujours refusé de faire du «boulevard», très rémunérateur mais inintéressant pour le comédien que je suis. Je ne me serai pas senti à ma place. Figurez-vous que j’ai fait un jour le compte de ce que j’avais gagné durant les six premières années de mon parcours. Cela ne devait pas dépasser de beaucoup les 1 500 Francs. Et par la suite, j’ai surtout subsisté.
« J’hésite à prononcer des mots irréparables. Je ne crois pas davantage à l’inspiration, il faut laisser ça au poète. L’acteur, c’est autre chose. Quoi exactement, je ne sais pas, mais c’est autre chose. Il faut savoir que l’on joue la comédie et que l’on fait semblant. Ce n’est pas parce que vous jouez Napoléon que vous devez vous prendre pour lui. Sinon, cela devient dangereux. » »
« Charles Dullin était plus qu’un professeur. Je suis entré dans son cours en 1945. Il avait une façon de parler du métier d’acteur qui m’a certainement beaucoup influencé. Il m’en imposait, ça oui. Auprès de lui, c’est le monde merveilleux du théâtre que j’ai découvert. A une poignée d’exceptions près, ce sont les planches qui m’ont offert mes plus grandes satisfactions. »
Cliché : Charles Dullin