La formation de l’acteur
Durant la seconde guerre mondiale, Charles Denner et son frère Alfred entrent dans la résistance (Armée Secrète de la France libre – AS) et participent aux combats du Vercors au C1 de Méaudre. Charles Denner sera honoré de la croix de guerre pour ses faits d’arme.Il y emporte le livret du Misanthrope dont il travaillera le rôle d’Alceste en se promettant de faire du théâtre s’il réussit à s’en sortir.
En 1945, il entre au cours d’art dramatique de Charles Dullin tout en gagnant sa vie comme tailleur, maroquinier et fort des halles.
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[edsanimate animation= »bounceInLeft » infinite_animation= »no » delay= »0″ animate_on= »scroll »]En 1955, il débute au cinéma au côté de Gérard Philipe dans La meilleure part d’Yves Allégret. La carrière cinématographique de Charles Denner commence grâce au théâtre : Claude Chabrol, séduit par l’étrange séduction du Gori (Goering) que le comédien interprète sous ses yeux dans La résistible ascension d’Arturo Ui montée par Jean Vilar et Georges Wilson au TNP, lui propose en 1962 de l’engager pour Landru. Charles Denner, affublé depuis l’âge de vingt-cinq ans de rôles de vieillards avec faux nez et perruque, accepte sans hésiter de se raser le milieu du crâne et de se laisser pousser les favoris, pour mieux devenir Landru : un personnage qui, grâce à la maîtrise incomparable de son jeu, atteint une performance digne du Monsieur Verdoux de Charlie Chaplin. Le succès de Charles Denner lui vaut alors d’être sollicité pour de nouveaux rôles de sadiques barbus. Mais l’acteur refuse la facilité.
C’est donc dans La vie à l’envers, film d’un parfait inconnu – Alain Jessua -, qu’on le retrouve en 1963, traduisant à merveille le lent glissement d’un solitaire vers l’internement à vie. A la fois banal et émouvant, Charles Denner accroche, y compris dans des rôles de second plan (Compartiments tueurs, 1964, et Z, 1968, de Costa-Gavras, Le voleur 1966, de Louis Malle).
» Je suis habité par une monomanie »
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[edsanimate animation= »bounceInRight » infinite_animation= »no » delay= »0″ animate_on= »scroll »]Dévoué à la cause de ses personnages jusqu’à oublier tout le reste (« Je suis habité par une monomanie »), Charles Denner est un artisan de l’émotion humaine. Tantôt maître chanteur (Mado, 1976, de Claude Sautet), tantôt père déchirant (Le vieil Homme et l’enfant, 1966, de Claude Berri), tantôt dératiseur puceau jusqu’à sa rencontre de Bernadette Laffont (Une belle fille comme moi, 1972, de François Truffaut), il fait plus que jouer : il sert. Aidé en cela par le charme d’une voix singulière dans laquelle, sous une rudesse apparente, vibrent les nuances les plus subtiles du désir, de l’espoir ou de la déception.
« Le comédien poétique
par excellence »
F. Truffaut
Mais les personnages que Charles Denner affectionne sont ceux que dévore une obsession obscure. Bien qu’il excelle également dans le registre du pur comique (Robert et Robert, 1978, de Claude Lelouch), il préfère l’ambiguïté. C’est François Truffaut qui, neuf ans après La mariée était en noir, offre à Charles Denner un rôle à la mesure de son talent.
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[edsanimate animation= »bounceInLeft » infinite_animation= »no » delay= »0″ animate_on= »scroll »]Devenu Bertrand Morane, L’homme qui aimait les femmes, Charles Denner assure au film d’abord pressenti comme une comédie dramatique une dimension plus profonde. Écrivain rongé par la passion des femmes, Morane-Denner n’est pas un dragueur, mais un homme tout simplement, au silencieux mal-être, poétique et tendre. Dans son univers où les jambes des femmes sont « des compas qui arpentent le globe et lui donnent son équilibre et sa forme », Charles Denner touche au point de l’égarement à la fois douloureux et souriant. C’est lui, selon Truffaut, « le comédien poétique par excellence », qui imprime au scénario le ton d’un film devenu depuis inoubliable.
Après un ultime one man show théâtral dans le Marionnettiste de Lodz (1984) de Gilles Ségal et deux dernières apparitions dans Golden Eighties (1985) de Chantal Akerman, et l’Unique (1986) de Jérôme Diamant-Berger, Charles Denner, gravement malade, se retire. Il obtint deux nominations aux Césars, l’une en 1977 (meilleur acteur dans un second rôle dans Si c’était à refaire, de Claude Lelouch), l’autre en 1978 (meilleur acteur dans L’homme qui aimait les femmes, de François Truffaut).
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[edsanimate animation= »bounceInRight » infinite_animation= »no » delay= »0″ animate_on= »scroll »]A la télévision, il jouera près de 21 téléfilms, dont, en particulier, Les Rustres (1963) de Jean Pignol, Les fourberies de Scapin de Molière (1965) par Jean Kerchbron, Le manteau de Nicolas Gogol (1967) par Arthur Adamov, L’Idiot (1968) d’André Barsacq, La Sourde Oreille (1980) de Michel Polac, et enfin Espionne et tais-toi (1985) de Claude Boissol.
Il s’y distingue, parmi d’autres pièces, dans Le Cid, Lorenzaccio et Tambour dans la nuit. Il jouera dans presque toutes les pièces du répertoire du TNP de Jean Vilar puis de Georges Wilson de 1949 à 1964. Il fera quelques infidélités au TNP pour interpréter en particulier le jeune soldat dans La machine infernale écrite et mise en scène par Jean Cocteau (1954) et aussi pour jouer le Capitaine Lebladkine dans l’adaptation des Possédés (1959) mise en scène par Albert Camus. Dans le rôle qu’il construit de Matti pour l’avant dernière pièce qu’il joue au TNP, il forme avec Georges Wilson un duo puissant et truculent dans Maître Puntila et son valet Matti (1964) de Berthold Brecht.
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[edsanimate animation= »bounceInLeft » infinite_animation= »no » delay= »0″ animate_on= »scroll »]C’est dans le rôle du Marionnettiste de Lodz de Gilles Ségal que Charles Denner tirera sa révérence au théâtre en 1984. Le rôle solitaire et étrange d’un homme pour qui la guerre n’avait jamais pris fin qui lui ressemblait beaucoup.
Le théâtre gardera toujours une place très privilégiée dans la vie de Charles Denner. Il ne cessera en effet d’y jouer de 1946 à 1968 pour y revenir une dernière fois avec le marionnettiste de Lodz de Gilles Ségal en 1985. Tout en poursuivant ses cours chez Charles Dullin il débute sa carrière de comédien au théâtre dans la jeune compagnie des Compagnons de l’Arche d’André Marcovici. Il y joue plusieurs personnages dans Le Dibbouk (1946) de An Ski au théâtre Edouard VII, Le Keroub et le mariage de Rachel (1947) au Théâtre La Bruyère, et Tel Haï (1947) aux Théâtre Edouard VII et La Bruyère.
En 1948, remarqué par Jean Vilar alors qu’il interprète au théâtre des Noctambules un rôle de clown dans Les mamelles de Tirésias d’après Guillaume Apollinaire mis en scène par Clément Harari, il intègre la troupe du TNP (Théâtre National Populaire).
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